Anne-Charlotte Vuccino, CEO de Yogist Well At Work® s’est entretenue avec Gérald Kierzek, médecin urgentiste, anesthésiste, réanimateur. Il est également chroniqueur pour Télématin et pour France bleu, ainsi que Directeur médical de Doctissimo. Son credo : mieux comprendre son corps pour prendre soin de soi au travail ou ailleurs. Il a justement publié un livre sur le sujet s’intitulant « Deyrolle, Leçons d’Anatomie ».
Qu’en est-il de l’état de santé des travailleurs français en cette fin 2023 ?
Gérald Kierzek
Ce que je vois aux urgences n’est que le résultat de l’échec de la prévention santé. Je constate un état global de stress, qui s’est empiré et généralisé depuis l’apparition du Covid. Nous voyons également des pathologies découlant directement du manque d’activité physique, du surpoids, de la posture, du stress professionnel… des éléments que l’on peut maîtriser.
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 arrivent à grand pas : est-ce que la réponse réside dans le sport ? Mais comment faire si on n’est pas sportif ?
Gérald Kierzek
Les JO sont clairement une opportunité de parler d’activité physique, tout en sachant que ce n’est pas le seul sujet de prévention santé à aborder. Profitons des JO pour dire aux Français de bouger ; mais attention, les JO sont réalisés par des athlètes. Quand on parle d’activité physique, on ne parle pas du tout de sport.
”Il faut voir l’activité physique non pas comme un sport, mais comme l’opposé de la sédentarité.
Assis sur nos chaises, nous sommes sédentaires. D’ailleurs, nous aurions dû placer un vélo d’appartement sous nos ordis pour cet entretien !
En tant que sédentaire :
- quand on dort, on ne bouge pas.
- quand on se lève pour aller déjeuner, on se rassoit.
- ensuite, on prend la voiture ou les transports en commun, et on est assis.
- on arrive au travail, on s’assoit à son poste de travail.
- à midi, on prend sa pause déjeuner assis.
- etc, jusqu’au soir.
Depuis le développement du secteur tertiaire, la sédentarité a augmenté en flèche. Nos muscles ne bougent plus ! Or, l’activité physique comme opposition à la sédentarité, c’est justement la mise en route de nos muscles. Se lever, s’étirer, faire des pauses toutes les deux heures comme en voiture, c’est un premier pas. Pareil pour le fait de prendre les escaliers au lieu de l’ascenseur, ou bien s’arrêter deux arrêts de métro ou de bus avant d’arriver pour finir en marchent. Ou… faire des pauses Yogist !
Le cran au-dessus, c’est le sport. Et sans parler de sport de haut niveau, on peut lutter contre beaucoup de problèmes de santé en bougeant plus.
Les effets bénéfiques de l’activité physique (≠sport)
Gérald Kierzek
- L’activité physique peut être bénéfique sur des problèmes de santé bénins et à court terme : les migraines, les problèmes de sommeil, les gastrites dues au stress, les névralgies, etc.
- Sur des pathologies à moyen terme, l’activité physique préserve des maladies cardiovasculaires, du diabète.
- Au long terme, l’activité physique diminue les risques de cancer. D’ailleurs, l’activité physique adaptée est dorénavant un co-traitement du cancer, au même titre que la chimiothérapie, la radiothérapie et la chirurgie. Aujourd’hui, l’activité physique s’inscrit totalement dans le plan thérapeutique.
Les chiffres, documentés depuis des décennies, révèlent que l’activité physique réduit de 30% les risques d’apparition ou de récidive de cancer.
Or, avec le fléau de la sédentarité, le nombre de maladies cardiovasculaires et de cancers augmentent, malgré les études qui s’entendent sur le fait qu’il faut bouger. Mais on n’arrive pas à faire bouger la population.
Espérance de vie vs. Années en bonne santé
Gérald Kierzek
L’espérance de vie diminue et plus que ça, c’est le nombre d’années en bonne santé qui diminue. En France, l’âge à partir duquel on commence à avoir des incapacités est de 63 ans et demi. C’est-à-dire qu’on arrive à la retraite complètement cassés.
Ma grand-mère disait : tu creuses ta tombe avec ta fourchette. Je dirais même plus : on peut assurer sa santé grâce à sa fourchette (l’alimentation) et grâce à ses jambes (le mouvement).
En Suède, ils ont fait le même constat qu’en France : 63 ans et demi pour commencer à avoir des incapacités. Ils ont alors mis en mouvement les seniors, grâce à des infrastructures, des parcs, des coachs seniors etc. De 63 ans et demi, ils sont passés à 80 ans sans incapacités ! Bouger, c’est mieux vieillir.
On devrait mettre en place plus que la parenthèse JO de 2024, un programme de prévention sur toute une génération. Il s’agirait de prendre les naissances à partir d’aujourd’hui, et de les faire bouger jusqu’à constater dans 30-40 ans une diminution de 80% des cas de maladies cardiovasculaires. Oui, cela signifie bien que 80% des maladies cardiovasculaires sont évitables ! Les infarctus et les AVC sont évitables no pas grâce aux médicaments, qui interviennent quand c’est déjà arrivé, mais grâce à l’activité physique et à la nutrition.
La conclusion pour prendre soin de soi au travail
Gérald Kierzek & Anne-Charlotte Vuccino
Rompre la sédentarité, c’est mettre du mouvement dans vos journées de travail. Le secret, c’est la régularité, la discipline. Gardez en tête que l’activité physique nécessaire pour contrer la sédentarité (à raison de 30 minutes par jour en semaine) ce n’est pas du sport qui est demandé.
Les pauses Yogist ont justement été créées pour répondre à ce besoin de prendre soin de soi au travail. Courtes, étudiées pour étirer les muscles, éviter les tensions musculaires et tout autant diminuer le stress mental, les pauses Yogist se pratiquent au poste de travail, sans changer de tenue.