Le yoga c’est quoi ?
Il n’y a pas « un », mais « des » yogas. Aujourd’hui, tout le monde parle de yoga, des studios ouvrent à chaque coin de rue dans le monde entier, des marques d’accessoires et de vêtements poussent comme des fleurs des champs, et, chaque jour, un nombre croissant de nouveaux professeurs sont formés.
Plus de 60 millions de personnes font du yoga dans le monde – l’équivalent de la population française ! –, et l’Hexagone comptait plus de 2,6 millions d’adeptes en 2019. On parle d’une mode, voire d’un raz de marée…Mais cette « mode » dure en réalité depuis deux mille cinq cents ans ! Venu d’Inde, partageant des racines culturelles communes avec les principaux courants « zen » orientaux, le yoga est une philosophie, une pratique physique, intellectuelle et spirituelle.
Néanmoins, le yoga dont on parle en Occident désigne aujourd’hui presque exclusivement la pratique physique, les postures, les asanas. Il y a mille styles de yoga plus ou moins ésotériques, plus ou moins méditatifs, plus ou moins physiques. Ils portent souvent le nom de leurs fondateurs (Iyengar ou Bikram), ou le nom des courants dont ils sont issus, créés au début du XXe siècle (ashtanga, kundalini), parfois bien plus récemment (power yoga, strala yoga, jivamukti…).
Retenez que les cours de yoga « physiques » sont tous dérivés du hatha-yoga. Qu’ont donc en commun tous ces styles de yoga, et qu’est-ce qui les différencie d’un sport, d’un cours de gym, d’abdos fessiers ou de Pilates ? Le yoga est basé sur la coordination d’un mouvement avec la respiration, et l’attention portée à ce mouvement et à cette respiration. Pas besoin d’acrobaties ! Si vous ne faites que lever les bras en inspirant pendant que vous travaillez pour vous étirer, et que vous descendez les bras en expirant et en portant toute votre attention sur ce mouvement et sur votre respiration, c’est du yoga.
En revanche, si vous faites une posture très compliquée sans respirer et en ayant l’esprit ailleurs, vous ne faites pas plus de yoga que je ne fais d’aviron. Autre différence avec le sport au sens large : le yoga n’est pas une compétition. Pas de challenge, pas de performances à mesurer. Chacun se présente sur son tapis avec son corps, ses potentialités et es limites, et fait de son mieux sans jamais se comparer à son voisin.
Le yoga s’adapte à tous les corps, à tous les âges, à toutes les blessures et même aux handicaps. Je ne peux pas plier ma jambe droite, cela ne m’a jamais empêchée d’en faire ! Ce n’est pas vous qui vous adaptez au yoga, c’est le yoga qui s’adapte à vous.
Le meilleur de l’anti-stress
On parle énormément du stress. C’est pour moi la plus grande épidémie de ce siècle, l’ennemi Numéro 1 à abattre. C’est devenu un mot-clé pour décrire un mal-être ambiant. Mais sait-on vraiment de quoi on parle ? Si l’on schématise, le stress n’est pas une chose mauvaise en soi .Il peut même vous motiver et vous pousser à accomplir de grandes choses ! Le danger, c’est le stress chronique, celui qui ne retombe jamais, qui fait monter la pression et la tension sans la laisser redescendre suffisamment.
Lorsque nous étions des chasseurs-cueilleurs il y a des milliers d’années, le stress était un système d’alarme très utile. À la moindre alerte, par exemple à l’approche d’une bête sauvage qui voulait vous mâchouiller un mollet, le système nerveux sympathique s’activait et l’énergie se concentrait dans les jambes, au détriment, pour un court moment, du système digestif ou d’autres fonctions moins « vitales », alors mises sur pause pour permettre la fuite. (Cela explique pourquoi vous avez des problèmes de digestion ou une boule au ventre quand vous êtes stressé, et que vous tombez plus facilement malade, le stress étant un immunodépresseur.)
Une fois le danger passé, c’est le système nerveux parasympathique qui s’activait pour ramener le corps à une activité normale, réduire le rythme cardiaque et remettre de l’énergie dans le système digestif, le cerveau… Nos ancêtres retournaient se reposer à leur campement après avoir chassé le mammouth pendant une lune. Regardez aussi les antilopes : une fois que le lion s’est éloigné et que le danger est passé, elles se remettent à brouter paisiblement.
C’est la réponse de relaxation, le fait de revenir à un état de détente après un pic de stress, grâce à l’activation du système nerveux parasympathique. C’est le bouclier qui empêche que le stress ne devienne chronique et ne se manifeste par des symptômes physiques. Aujourd’hui, la menace du lion a été remplacée par de multiples aléas : urgences, prise de parole en public, problèmes de timing, charge mentale, embêtements en tous genres, et par la vie quotidienne tout simplement !
Nous réagissons à une tension au travail, à un embouteillage en voiture, comme si notre vie était en jeu, nous déclenchons dans notre corps les mêmes réactions chimiques que lorsque notre vie était réellement en danger. Notre système sympathique est sans cesse sollicité, notre organisme entre parfois en surchauffe. Sans pause ni réel temps de détente et de déconnexion (non, regarder la télé n’est pas une vraie détente profonde), nous ne savons plus activer notre système nerveux parasympathique.
Résultat : insomnies, maux de ventre, migraines, douleurs de dos et divers facteurs qui peuvent aggraver le risque de diabète, de maladies cardiovasculaires… Sans compter que le stress est l’une des premières causes de la prise de poids.
Le souffle est un moyen direct, naturel, immédiat, d’agir sur notre système nerveux parasympathique pour éviter la surchauffe. Vous avez sans doute d’ailleurs déjà constaté ce lien entre la respiration et le stress : quand vous êtes angoissé, votre respiration s’accélère et votre rythme cardiaque augmente ; quand vous êtes détendu, le pouls est calme et le souffle régulier. Sur le long terme, vous constaterez aussi que le ouffle permet de contrôler l’esprit, qui impacte à son tour le corps.
Au quotidien, la respiration est donc votre meilleur antidote au stress. Mais respirer profondément, cela s’apprend ! Et respirer en coordination avec un mouvement est souvent beaucoup plus simple : c’est ce que je vous propose dans ce livre, des exercices de respiration pure pour des situations multiples, mais aussi des exercices où vous coordonnerez le souffle et le mouvement pour un effet physique et antistress combiné.
Une hygiène de vie globale
Le yoga concerne le corps et ses douleurs, mais bien d’autres aspects de notre vie : la façon dont nous mangeons, buvons, nous reposons, communiquons et travaillons ! Les yogis l’ont compris depuis des siècles, eux qui pratiquent une médecine naturelle préventive, l’ayurvéda, qui s’adapte à chaque individu en respectant sa nature.
L’alimentation et l’activité physique sont au centre de cette médecine et sont utilisées pour guérir les maladies, perçues comme des déséquilibres auxquels il s’agit de remédier. Dans nos vies modernes, la méthode Yogist et sa discipline de vie peuvent donc agir sur :
- Le corps : pour corriger la posture, prévenir les douleurs et troubles musculo-squelettiques, apprendre les bons gestes pour soulager et prévenir les tensions musculaires, (ré)apprendre à respirer.
- Le cerveau : pour comprendre son fonctionnement et mieux gérer le stress, le bruit ambiant le multitasking, la concentration, les prises de parole…
- L’alimentation : pour y puiser énergie et santé, alors qu’elle est souvent négligée à l’ère de la malbouffe et de la nourriture plaisir.
- Le sommeil : pour retrouver un sommeil réparateur et déconnecter de la vie professionnelle et des écrans.
- Les relations : au sein de son entreprise, de sa famille, de son groupe d’amis : communication non violente, gestion des conflits et des priorités, management bienveillant des équipes.