Au printemps 2015, à tout juste 30 ans, j’ai fondé YOGIST-Bien au Bureau pour faire entrer le yoga dans le monde de l’entreprise. Pourtant, je n’aurais jamais pensé créer ma start-up, encore moins dans le domaine du yoga…
Après des études de philosophie, puis de business à HEC Paris et au Danemark, j’ai travaillé pendant six ans comme directrice d’un cabinet de conseil en stratégie auprès des directions générales de grands groupes français et internationaux, puis au sein d’un grand groupe web. C’est là que j’ai pris conscience de l’émergence d’un nouveau paradigme, aujourd’hui incontournable : celui de La qualité de vie au travail.
Et le yoga dans tout ça ?
J’y suis venue plus par nécessité que par plaisir… J’ai toujours détesté le sport, sous toutes ses formes. En 2005, alors que je dirigeais une association humanitaire étudiante au nord du Bénin, j’ai été renversée par un gendarme à moto. Gravement blessée à la jambe droite, j’ai été rapatriée en France, où j’ai passé plus de six mois à L’hôpital, opérée huit fois. Victime de multiples infections nosocomiales, j’ai frôlé de près l’amputation et suis restée de longs mois en fauteuil roulant. Mon genou droit était très abîmé et les médecins m’avaient prévenue que je ne remarcherais peut-être jamais correctement. Perspective sympathique, Lorsqu’on a 20 ans !
Mes séances de rééducation étaient extrêmement douloureuses, et des quantités astronomiques d’antibiotiques, d’anti-inflammatoires et de calmants avaient considérablement affaibli mon système immunitaire : j’étais tout le temps malade, fatiguée… ou déprimée !
Un jour, en 2008, une collègue de bureau, professeur de yoga à ses heures perdues, m’a proposé de me faire découvrir le yoga. « Cela ne pourra pas te faire de mal ! », m’a-t-elle dit. J’ai immédiatement été impressionnée par l’efficacité thérapeutique de cette pratique : dans le yoga, j’étais plus active que pendant mes séances de rééducation tout en respectant le seuil de ma douleur. Au lieu de me laisser passivement plier le genou par un kinésithérapeute, dans les larmes et sous calmants, je repris petit à petit le contrôle de mes sensations, et j’appris à compenser, avec le reste de mon corps, le handicap de l’un de ses membres.
Je suis très vite devenue accro au yoga, testant tous les cours de Paris et voyageant jusqu’en Inde, en Thaïlande et à Bali pour rencontrer de nouveaux professeurs et découvrir de nouveaux styles de yoga. Au cours de mes sept séjours en Inde et dans toute l’Asie, j’ai appris à connaître l’hygiène de vie et la philosophie qui vont de pair avec le yoga : prendre soin de son corps dans sa globalité, lâcher prise et prendre du recul, maîtriser ses émotions, méditer et communiquer de manière constructive, se nourrir de manière consciente avec des aliments purs et sains, oser changer sa vie…
Moi, l’intello allergique au sport, je comprenais peu à peu l’importance de connecter son corps et son esprit, et d’adopter une discipline de vie saine. Je découvrais une philosophie du bonheur que j’avais cherchée en vain dans les systèmes de pensée occidentaux pendant mes études.
Peu à peu, je me suis mise à faire du yoga tous les jours, tôt le matin, à supprimer la viande et les produits transformés de mes menus, et à recourir aux épices et aux huiles essentielles pour me soigner… tout en conservant une vie sociale, rassurez-vous !
Pendant huit ans, je me suis rééduquée grâce au yoga : ma jambe droite ne plie toujours pas à plus de 90 degrés (je ne vous proposerai jamais, la position du lotus, puisque je suis incapable de la réaliser ! Mais je peux marcher sans boiter et soulager, grâce aux exercices, à la respiration et à la méditation, mes douleurs d’arthrite.)
La professionnalisation de ma passion du yoga s’est faite Lentement mais sûrement. Dès 2012, j’ai eu envie de partager cette découverte avec mes proches : je me suis mise à donner des petits cours à mes amis, chaque mardi soir dans un local de cours de cuisine, pour leur montrer les postures de base, les mouvements qui font du bien quand on travaille assis derrière un bureau.
Dans mon métier de consultante, j’ai commencé à diffuser mes connaissances auprès de mes clients, à qui je proposais quelques exercices de respiration avant qu’ils prennent la parole en public, par exemple. Surprise : ils m’en étaient bien plus reconnaissants que pour toutes les présentations que j’avais pu leur écrire !
En 2014, j’ai rejoint un grand groupe web comme directrice de projets. Dans cette entreprise extrêmement dynamique, où la moyenne d’âge n’excédait pas trente ans et où les équipes passaient la majeure partie de leur journée devant un écran, plusieurs collègues sont venus me demander des conseils pour soulager leur stress ou leurs maux de dos, arrêter de fumer ou retrouver le sommeil. Ils avaient entendu parler du yoga, pensaient que cela pourrait les aider mais ne savaient pas du tout par où commencer ! C’est là que j’ai constaté que les salariés manquent de solutions simples et immédiates pour soulager leur stress et les douleurs liées au travail sur écran.
Le doute n’était plus permis : ma valeur ajoutée, c’était de faire entrer le yoga dans l’entreprise, deux mondes que je connaissais bien mais qui, eux, s’ignoraient.
Au printemps 2015, j’ai tout quitté pour partir seule deux mois en Inde et passer mon diplôme de professeur de yoga : une formation de deux cent cinquante heures à Mysore, l’un des berceaux du yoga, auprès d’un professeur indien spécialisé dans le yoga thérapeutique. Tous les jours, de 4 heures du matin à 20 heures, nous apprenions les postures traditionnelles du yoga, leur signification en sanscrit, leurs bienfaits et contre-indications, la philosophie et l’anatomie du yoga … J’en ai aussi profité pour me former à l’alimentation et à la médecine ayurvédiques, la médecine traditionnel e indienne liée au mode de vie des yogis.
De retour à Paris, j’ai lancé YOGIST-Bien au Bureau (www.yogist.fr), la première start-up de yoga corporate. L’objectif : créer une méthode adaptée à l’état d’esprit et aux besoins des actifs, des indépendants ou des salariés des grandes entreprises, des PME ou des start-up… bref, de tous ceux qui travaillent assis devant un écran !
Le challenge était également de dépasser certains préjugés (le cliché du yogi hippie aux dreadlocks parlant de chakras à tout bout de champ a encore la vie dure !) et d’épurer le yoga de ses aspects ésotériques pour l’introduire dans l’entreprise sans faire fuir les esprits cartésiens. C’est ainsi qu’est née la méthode Yogist, que j’ai développée avec la validation d’un ostéopathe et d’une psycho-ergonome de la médecine du travail : une méthode de prévention des douleurs et du stress au travail qui se fait sur chaise, à votre bureau. J’ai formé une équipe de talentueux professeurs qui interviennent dans les entreprises et j’anime aujourd’hui de nombreux séminaires, conférences et team-buildings internes. Je souhaite vous livrer, à travers la méthode Yogist, des règles du yoga adaptées à notre vie moderne, accessibles quels que soient votre âge et votre condition physique (si je peux le faire avec ma jambe raide, vous le pouvez aussi !).