Vous pouvez choisir d’avoir raison… Ou de restez marié
On peut être diplômée d’un prestigieux doctorat en psychologie de Stanford, avoir grandi à Los Angeles et devenir moine dans un ashram au bord du Gange en Inde ! C’est l’histoire de Sadhvi Bhagawati Saraswati, 55 ans, qui vit depuis plus de vingt-cinq ans dans l’Himalaya.
Véritable trait d’union entre la logique, le savoir, le mode de vie occidental et la spiritualité qu’elle a fait sienne depuis toutes ces années, Sadhvi organise le festival international de Yoga chaque année.
Un jour où elle dispensait son enseignement lors d’un sat sang (une cérémonie au cours de laquelle le « sage » répond aux questions des pratiquants venus l’interroger), un visiteur lui posa une question qui pouvait sembler banale. Dans notre vie quotidienne et ses détails les plus futiles, « comment rester calme et zen en toute circonstance ? » Sa réponse fut imagée : « Dans toute situation, vous pouvez choisir d’avoir raison face à votre époux, votre associé, votre salarié, votre patron, de donner la priorité à votre ego, de tenter de convaincre l’autre et de faire triompher vos arguments et votre volonté, d’aller parfois jusqu’au conflit… ou décider que ce sujet n’a que trop peu d’importance pour monter au créneau. »
Votre épouse veut commander une pizza et vous avez envie de sushis ? Votre patron veut mettre du rouge dans cette présentation quand vous êtes convaincu que le bleu fonctionnerait mieux ? Dans un monde où tout peut faire l’objet d’un choix, où le moindre grain de sable dans une organisation ou dans une relation peut devenir l’enjeu d’une « prise de contrôle », nous oublions de prioriser les questions qui ont vraiment de l’importance ou un impact sur nous. Nous ne choisissons plus nos combats en fonction de leurs enjeux, mais nous laissons notre ego peureux saisir chaque opportunité de se rassurer sur son pouvoir.
J’ai souvent médité cette phrase, et je me suis rendu compte qu’elle entrait en résonnance avec un très grand nombre de situations de mon quotidien. Dans mon entreprise, je pouvais choisir d’avoir raison et de faire valoir mon autorité, de tout contrôler pour être sûre que tout soit parfait – au risque de rendre la communication stérile –, de priver parfois mes collaborateurs de toute initiative… ou de lâcher prise sur les aspects les moins déterminants
Choisissez vos combats : vous avez besoin de votre énergie pour mener à bien les projets qui comptent. Inutile de la disperser dans des débats futiles. Avant de vous lancer dans un débat, demandez-vous clairement si gagner cette joute verbale revêt une véritable importance, ou si vous avez simplement envie d’avoir raison. On parle souvent de « lâcher prise » sans que l’on sache vraiment quelle réalité recouvre ce terme. Essayez de repérer, parmi les luttes du quotidien, celles que vous ne voulez pas abandonner, à raison ou à tort.
Mon post-it
« Laissez votre ego et vos chaussures au vestiaire » (leave your shoes and your ego at the door), comme on lit au seuil des studios de yoga en Inde. Quand vous vivez une situation particulièrement conflictuelle, qu’elle soit d’ordre professionnel ou personnel, faites une petite visualisation : imaginez les deux antagonistes comme deux lutteurs dans une compétition de tir à la corde : chacun tire un bout et use de toute sa force pour amener l’autre vers sa limite, pour remporter la partie.
Il suffit que l’un des deux lâche complètement son extrémité de corde pour que toute la tension disparaisse. Avant d’entrer dans le conflit, visionnez cette corde et demandez vous si vous avez vraiment besoin de gagner la partie en créant une résistance forte, ou si vous pouvez lâcher du lest sans avoir l’impression de perdre.
